Nous avons demandé à Eric Maire qu’il nous parle des gros changements entre la gouvernance d’hier et celle de demain. Comment se fait-il que le métier d’administrateur indépendant suscite autant d’intérêt aujourd’hui ?

Les administrateurs d’hier :

Pour moi, la plupart des administrateurs indépendants le sont devenus par hasard. Je m’explique: il n’existait pas encore de formations pour les administrateurs, certains MBA et certaines écoles de droit abordaient des thèmes de la gouvernance mais ce n’était pas le point central. Les seuls qui choisissaient éventuellement cette voie étaient des avocats ou juristes.

C’est un métier qui s’est appris en pratiquant parce que jusqu’à récemment, il y avait très peu de risque à siéger dans un Conseil d’Administration. On ne se posait pas de question par rapport à la durabilité ou l’inclusion mais on s’assurait simplement que les rendements étaient suffisants.

Les administrateurs d’aujourd’hui et de demain

La loi s’est renforcée et à présent, les membres d’un Conseil d’Administration ont des responsabilités importantes et peuvent être poursuivis civilement et pénalement en cas de conséquences de leurs décisions. Pourtant, ce métier suscite à présent un fort intérêt.

Je pense que les jeunes se sont rendu compte que c’était au niveau de la gouvernance qu’ils pouvaient réellement changer les choses. Sauver la planète. Décider à quoi ressembleront les entreprises de demain. À quoi feront-elles attention avant même de parler de rentabilité. Quels seront leurs rôles sociaux ? Durabilité ?

Les entreprises ont conscience, du moins commencent à prendre conscience que pour être pérennes, elles doivent se positionner sur des questions liées à ces nouveaux thèmes. Elles sont donc prêtes à accueillir de nouveaux membres pour leur apporter une expertise et vision dans ces différents domaines.

D’après vous, quel modèle de gouvernance est le plus adapté aujourd’hui ?

Il est important de trouver le juste milieu entre une gouvernance ultra-rigide, où l’opérationnel n’a plus aucune liberté et un modèle de gouvernance de complaisance, où rien n’a d’importance.

Que faut-il avoir comme compétence pour devenir membre d’un Conseil d’Administration ?

Des compétences minimales en finances, sur le plan juridique et faire preuve de bon sens. De plus, être spécialiste dans des domaines comme digitalisation, durabilité, criminalité économique (cybersécurité),… est un réel plus pour une entreprise.

De plus, l’expérience est un atout considérable. Il est important d’avoir de l’expérience opérationnelle en gestion d’entreprise.

Comment devient-on administrateur ? 

Souvent par opportunité. Cependant, pour garder sa place, il est indispensable de continuer à se former. La plus-value d’un administrateur est sa compréhension du monde qui l’entoure. Un monde qui bouge à grande vitesse. C’est pour ça que d’échanger avec d’autres administrateurs permet de rester au niveau.

C’est l’un des rôles de l’association APIA Swiss. Au-delà de promouvoir le métier d’administrateur indépendant, elle offre des formations internes à ses membres. Plus exactement des autoformations. Ce sont les membres qui exposent une thématique aux autres pour ensuite échanger sur le sujet. Savoir profiter des compétences de chaque expert, est l’une des grandes valeurs d’APIA Swiss. D’ailleurs, nous rédigeons des cahiers pour regrouper les bonnes pratiques en matière de gouvernance.

A quoi ressemblera l’administrateur de demain ? 

Ce sera un administrateur passionné et visionnaire qui aura un réel besoin de faire bouger les choses en étant dans l’action.

Équipe APIA Swiss